Monday, March 27, 2006

Aprila

Apri la finestra : tra i cieli spenti

Vedremo stasera se ci sarà neve ;

Se tra i dipinti d’un tempo sì breve

Questi vecchi avi sono già sfumati.

Solo un minuto e lei dimentica

Il sonno sconfito, pure il sorriso

Che, senza ragione, mi aveva fatto.

Questa illusione, cosa diventirà ?...

Se solo sapessi (ma come potresti ?)

Che mentre camino, nascondo i pianti.

Credimi : lascerò i sogni stasera ;

Ho troppo cercato di esser amato,

Ma tutto finisce ; quanto tempo perso !

La parola cresce : apri la finestra...

W***

Monday, March 13, 2006

Vous ne me faites plus rire

La poésie a un sens.

Ce qui n’était qu’un doute prend les contours de la conviction ; elle se mêle de crainte. La poésie a un sens, puisqu’elle pose son existence comme un contre-pied de la prose, dépose ses rimes où la prose se leurre en figures de style. La poésie a un sens, mais se désacralise – d’ailleurs peut être que son sens vient de ce « nouveau » statut ; la rime s’appauvrit, les sonorités s’affadissent et l’inspiration se désagrège, peu à peu, brisée contre les habituels écueils des premières strophes. La poésie n’atteint plus les hautes estimes en touchant des sujets mesquins, comme elle le faisait, ou comme elle a pu le faire en d’autres temps. On se plaît désormais à écrire sur des thèmes fondamentaux, mais dans l’expression de l’accessoire ; on parle du tout sur le mode du n’importe quoi. La poésie s’est désacralisée, oui. Mais elle n’est pas descendue de son socle en douceur – on l’a poussée dans le vide, on l’a fracassée sur le miroir du réel.

Imitée, déconcertante et salie ; désormais soumise à la forme, sans plus de considération pour son fond ; ou alors soumise aux doubles-fonds dans la détestation de ses formes. Et l’inspiration, madame ? L’inspiration n’est plus une servitude de l’affect, elle devient une rancœur de l’intellect. Qu’est-ce qui fait rire un homme et pleurer son voisin ? Y a-t-il, comme les gargouillis de l’estomac quand la faim se fait sentir, des crispations de conscience qui annoncent des rires ou des pleurs, et dans cette extériorisation d’un trouble intérieur, la manifestation d’une inspiration ?...

Car certes la conscience se crispe. Elle hoquette, elle a des sursauts, plus ou moins violents, des spasmes, plus ou moins douloureux. Et enfin, lorsqu’elle ne se recroqueville pas sur elle-même – comme ces roses qu’on pend la tête en bas et prive d’eau pour les maintenir droites, figées dans la mort à leur plus bel instant vivantes – lorsqu’elle ne s’étiole pas, elle crachote des petits bouts de phrases qu’elle colle les uns aux autres, qui font appel à d’autres, et dont le rassemblement pourtant ne permet pas de faire un texte complet.

La poésie a une raison d’être, elle est un fragment de vécu ou cru, elle est une résurgence du subi ou perçu. Mais trop inspirée, ou maintenant pas assez, elle tombe à genoux et n’attend plus qu’on la pousse de son piédestal pour s’écrouler, elle s’en jette seule ; abolie sans doute ; dispersée, peut-être.

Jamais assez soumis aux dieux absents sans peine,

Et toujours prisonnier dans la ville, éperdu,

Dans le jour froid et clair aux acérés supplices ;

J’avais cru par soucis aux vœux récents sans gêne :

Les amours que j’ai niées, le cœur vil et perdu,

J’ai ravagé tes chairs et resserré le vice.

Vous ne me faites plus rire.

W***

Tuesday, March 07, 2006

Courte lettre à Lt

« J’ai remis ta chemise. Deux fois déjà – puisque le temps s’y est prêté. J’ai remis ta chemise et bien sûr, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à toi, et évidemment, à l’attitude que j’ai eue avec toi. J’ai été vexé parce que tu m’as résisté, j’ai eu peur parce que les limites de ma culture semblaient être les bases de la tienne, parce mon orgueil s’est froissé de tout cela. En ce moment, je réfléchis, un peu plus que d’ordinaire du moins. Je remarque avec dépit que les réactions que j’avais prises pour des traits d’esprit, un magnifique panache n’étaient que des caprices sans but, des moyens détournés et brutaux pour interrompre les situations qui ne me convenaient pas, ou plus ; c’est donc à ce moment-là que je devrais m’excuser n’est-ce pas ?... Mais c’est toujours aussi difficile et j’ai encore l’audace de croire que seul mon âge peut justifier mes comportements puérils ; et mon discours terrorisé sur les trappes temporelles, mon habitude de faire n’importe quoi, n’importe quand, juste parce que j’ai l’impression qu’il n’y a jamais de moment assez juste, assez proche de l’idée que j’avais de lui. Oui, il faudrait que je m’excuse – mais je te laisse analyser ce conditionnel. Je ne peux plus me retrancher, maintenant, que derrière ta bonne volonté en me disant que la mienne – te rendre ta chemise, par exemple ? – suffira à effacer les gribouillis de l’écran magique. W*** »