Monday, October 16, 2006

à L.


Victoire ! Le temps est mou,
Comme le ciel trop sombre au premier rendez-vous,
Le cri de la seconde engloutie dans l’Histoire :
Si l’heure anéantie se consume sans gloire,
Je ne l’ai pas sentie dériver dans le flou.

Victoire ! Le temps est mou.
Il s’était cru raidi, peu à peu durcissant
Dans la cire tiédie qui coule des bougeoirs ;
S’étirant le matin pour s’engoncer le soir,
Dans les faux airs du rien devenu oppressant.

Victoire ! Le temps est mou,
Comme d’aucuns ont vu dégouliner des montres,
Et que d’autres ont cru retenir à leur gré
Des moments aplatis dessinés à la craie
- et ils ont applaudis, comme à la foire aux monstres.

Victoire, le temps est mou ;
Comme on a cru aussi que les jours sont liquides,
Qu’on regarde indécis, s’effiler sans langueur,
Lorsqu’en prenant le large ils renient la longueur
Et remplissent la marge et ses blancs, et ses vides.

Victoire… Le temps est mou.
Nous ne le perdrons plus à pleurer sur sa perte ;
On verra au surplus des heures à revendre,
Et mon droit d’imposer, lors d’instants doux et tendres,
Le goût de mes baisers sur tes lèvres offertes.

W***