Tuesday, February 05, 2008

La guerre selon Sweeney Face

Vous apprécierez le jeu de mots basé sur trois films dont je vais faire la critique dans ce qui va suivre :
-    La guerre selon Charlie Wilson, de Mike Nichols ;
-    Sweeney Todd, de Tim Burton ;
-    Smiley Face, de Gregg Araki.

J’aurais aussi pu intituler cet article La guerre selon Sweeney Face aux Jeux olympiques, mais j’ai trouvé ledit épisode d’Astérix juste assez mauvais pour ne pas en parler (entre cabotinages d’acteurs et succession de sketchs, on n’est pas certain d’entrevoir tout le second degré avancé pendant la promotion, n’était-ce l’aparté d’Alain Delon qui s’autocongratule d’être devenu César, tel un Guépard (Visconti, 1960) et sans l’aide de Rocco et ses frères (Visconti, 1963).

La guerre selon Charlie Wilson (Charlie Wilson’s War) est un film de Mike Nichols, à qui l’on doit, sur ce thème proche de l’activité/activisme politiques, l’excellent Primary Colors (1998) dans lequel, rappelez-vous, Travolta interprétait un candidat à la présidentielle largement inspiré de Clinton. Entre-temps Mike Nichols a également réalisé Angels in America, mini-série adaptée de la pièce de Tony Kushner et pas loin d’être culte ne serait-ce que pour les acteurs qu’on y trouvait : Meryl Streep, Al Pacino, Emma Thompson (déjà dirigée par Nichols dans Primary Colors en « Hillary » trahie mais dévouée à (la cause de) son sauteur de mari), Patrick Wilson (revu il y a quelques temps dans Little Children, de Todd Field et avec Kate Winslet) et Justin Kirk (devenu le frangin déjanté de Mary-Louise Parker, dans la série Weeds, laquelle Mary-Louise Parker joue, d’ailleurs, dans Angels in America, l’épouse de Patrick Wilson). Bref, tout ça pour dire qu’on ne pouvait avoir qu’un a priori positif sur son dernier film.
Qui se révèle donc à la hauteur de nos espérances : Tom Hanks, l’éternel gentil, campe un Charlie Wilson convaincant et drôle ; Julia Roberts arrive enfin à interpréter un vrai rôle (qui la sort un peu de certains clichés, du genre Erin Brockovitch (2000) ou Coup de foudre à Notting Hill (1999)) et Philip Seymour Hoffman n’en finit plus de nous surprendre sur sa faculté à s’approprier n’importe quel rôle (du travesti sympa de Personne n’est parfaite (Flawless, 2000) à l’amer Capote (2005)). Soulignons la présence d’excellents seconds rôles, comme Amy Adams, rescapée du dernier Disney (Enchanted), qui campe une assistante dévouée et efficace, ou encore Emily Blunt (la secrétaire premier degré de Miranda dans Le Diable s’habille en Prada) en étudiante de… 19 ans. Si.
Bref, un bon film, au scénario pointu mais compréhensible, où les gentils restent vivants jusqu’à la fin ; et finalement politiquement correct malgré un personnage qui, de façon récurrente, balance des “I want to kill some Russians”, “Let’s kill some Communists!”, et inversement.

Sweeney Todd, le dernier Burton, est un autre bon film mais qui m’a un peu, rien qu’un peu déçu. Cela tint sans aucun doute selon moi au fait que la musique n’était pas de Dany Elfman, pour l’excellente raison qu’il s’agit d’une adaptation d’une comédie musicale (de Stephen Sondheim). L’ensemble cependant se tient très bien, les acteurs sont impeccables ; Johnny Depp en Edward aux mains d’argent vieilli et aigri (il ne taille plus des buissons mais tranche des gorges), Helena Bonham Carter qui a repris son rôle de sorcière de Big Fish mais en plus sexy et décalée, et qui réussit à être à la fois romantique (quand elle s’imagine vivre avec le barbier susnommé) et macabre (quand il s’agit de passer au hachoir les victimes de Todd) ; et enfin le génial Alan Rickman, dont on attendait le retour après le stéréotype du professeur Snape dans l’écoeurante succession des Harry Potter, et qui excelle dans un registre sérieux (et départi, pour l’occasion, de ce côté « décalé » qui nous avait fait l’aimer dans Dogma ou Love actually).
Et tous chantent très bien (ce que Carter nous avait déjà prouvé en doublant le personnage féminin (mort) des Noces funèbres (animation de 2005)), notamment le gamin (Ed Sanders) qui entonne un honnête Not while I’m around dont, pour ma part, je ne connaissais que l’interprétation compassée de Barbra Streisand (qu’on m’excuse la comparaison).
Un film plaisant donc, à voir en VO bien sûr.

On attendait Smiley face depuis des mois, et sa sortie était sans cesse repoussée, au point qu’on se demandait s’il sortirait un jour. Ne pensez pas y trouver l’ironie de The Doom Generation (1995) ou la profondeur de Mysterious Skin (2004) : Smiley face est un film fait pour rire, pour passer un bon moment, et qui est à ce point réussi qu’on ne se demande pas, comme c’est souvent le cas avec Araki, quel personnage va mourir gratuitement ou quelle affreuse chose va se produire dans les cinq minutes qui arrivent. La seule fois où l’on sursaute, c’est parce que le son est trop fort lorsque Jane, le personnage principal, imagine son colocataire besogner un crâne, idée induite par son dealer (qui déclare donc très sérieusement, pour la terroriser, “He probably fucks skulls”).
Parlons justement de Jane, qui est jouée par Anna Faris qui, at last, a réussi à s’échapper de ses rôles de gentille courge dans les Scary Movie, mais qui ne va guère chercher plus loin. Interprétation réussie d’une héroïne « perchée » en permanence, mais pas un rôle de composition non plus, même si elle a réussi a s’approprier certaines manies de consommateurs de… Weed (tiens, on en parlait tout à l’heure), comme discourir très – trop – longtemps sur des sujets qui leur tiennent à cœur, d’une façon très détaillée et spécialisée, mais qui pour l’auditeur ne ressemble jamais à autre chose qu’une logorrhée verbale de toxico (cf. la scène « syndicaliste » dans l’abattoir) à base de « ouais, alors que pfff, en fait ce que je veux dire c’est…, parce que genre, alors que woo-hoo !, enfin tu vois ce que je veux dire ». (Non.)
Vous pourriez attendre que ce film passe à la télé pour le voir (aucune scène ne justifie de le voir sur grand écran) mais, le problème des films d’Araki, c’est qu’ils ne passent pas à la télé.

Ce « moment critique » étant presque exclusivement anglo-américain, je tâcherai de commenter des films d’autres nationalités la prochaine fois.

Bis bald,

W***