Saturday, August 13, 2005

Pleurer. – (1)

Music mood : Weep, Skunk Anansie

(Ecrit le 12 août 2005.)

Lorsque je suis parti de Paris pour rejoindre des endroits plus verts et moins pollués, j’ai eu envie de pleurer. Cela ne remet pas en cause les idées que j’ai des pleurs ; il m’a toujours semblé qu’on pouvait pleurer juste pour laisser ses glandes lacrymales se vider, comme on vide sa vessie ou d’autres organes encore. Pleurer est une fonction qui dépend d’une émotion autant qu’à mon sens, elle se suffit à elle-même.

Au moment où j’ai eu envie de pleurer pour simplement satisfaire le besoin qu’avaient mes glandes depuis au moins un an et demi (peut-être même plus), j’ai eu la sensation que mes inquiétudes et mes doutes étaient autant de facteurs prompts à provoquer des ruissellements insoupçonnés.

Et puis, comme d’habitude, non.

Le commencement de larmes qui s’apprêtaient à border mes cils n’a pas changé de place. Pas une larme n’a coulé, car de toute façon même en collectant tout ce que mes yeux proposaient, la seule larme n’aurait pas roulé au-delà d’une de mes magnifiques cernes. Il n’y a que Nicole Kidman qui a des larmes assez grosses pour qu’une seule suffise pour rouler jusqu’à son menton. Il n’y a que les acteurs qui pleurent pour de faux, pour des émotions sur papier, des images sur pellicules.

Etre acteur de ma vie ne m’oblige pas à accepter tous les mauvais rôles… Si ? Ou peut-être que je joue un rôle de méchant. Les méchants ne pleurent pas.

Le train file, les larmes restent.

W***

1 Comments:

Anonymous Anonymous said...

"Allez vas y pleure, tu pisseras moins !"
"Pleurer, ca soulage..."

Mais que peut on faire quand les larmes ne coulent pas?
Quand la douleur, la peur, les sentiments contradictoires sont trop presents, ou que l'on est tout simplement trop rationnel pour pouvoir se laisser aller a de tels "debordements"...

Tout le monde comprendra qu'il est bien plus tragique de ne pas pouvoir pleurer. Mais de part l'absence de trace (larmes, yeux rouges, gemissements, j'en passe et des meilleurs...) personne ne verra la detresse profondement ancree qui ronge un peu plus chaque jour, et qui (du moins je le crois) asseche encore plus les glandes lacrymales.

Que faire dans ces cas la?
Etre fort? "tu seras un homme mon fils"
Pffftt, FOUTAISES !!!!!

Octobre 2004, mon train est a quai, depart dans 5mn. Il est la en face de moi, il a tenu a m'accompagner, sans doute plus pour son estime personnelle que pour moi.
3 jours avant je lui ai dit que je ne partirais pas a Buenos Aires avec lui, il n'a rien repondu. Sur le moment j'ai pense qu'il etait peut etre sous le choc, qu'on en parlerait plus tard... En verite il est soulage. Il n'a meme pas cherche a connaitre les raisons qui ont motive une decision si soudaine apres 2 mois de preparatifs intensifs.
La veritable raison, c'est lui justement et la facilite avec laquelle je percois ses regrets de m'avoir demande de l'accompagner. J'ai donc dit non, alors que je ne desire rien de plus au monde que d'y aller avec lui. Et tout ca pourquoi ? Pour lui, car il y a une chose encore plus importante que mes envies : son bonheur.
Pendant ces 3 jours, malgre une tension plus que palpable, nous avons fait comme si de rien etait, comme d'habitude, nous sommes de bons acteurs. Et puis aujourd'hui, alors que l'heure du depart approchait, ca a craque. On s'est engueule pour une connerie. Moi je faisais la tete parce que je ne voulais pas le quitter et que j'attendais qu'il me propose de rester encore un peu. Lui avait deja la tete ailleurs (la soiree qui s'organisait avec ses potes) et aucune envie de s'embeter avec moi qui faisait la tete.
Donc il s'est enerve sur moi (utilisant un autre pretexte bien entendu), j'ai repondu, le ton est monte, on a fini par faire la gueule chacun de son cote.
C'est lui qui est revenu vers moi, tout calme, gentil, hypocrite ("j'aime pas quand les gens m'aiment pas"). J'ai essaye de lui faire payer le fait de s'etre enerve contre moi, de le faire culpabiliser... Ca n'a pas marche (je sais c'etait stupide d'essayer). Ca lui a juste donne encore plus envie de me mettre dans le train le plus rapidemment possible.

Apres, quand il a vraiment fallu aller a la gare, je lui ai dit que ce n'etait pas la peine de m'accompagner, il ne m'a pas ecoute.

Et nous voila, face a face, enlaces mais je le sens deja tres loin. Il a visiblement la tete ailleurs, des choses plus amusantes...
Nous n'avons toujours pas evoque le fait qu'une relation longue distance (en France), avec en plus l'un qui part a l'autre bout du monde dans 2mois, n'est definitivement pas possible, mais nous le savons tout deux. Pour autant ca n'a vraiment pas l'air de l'affecter.
Il m'embrasse. Je lui rends son baiser en y mettant tout l'amour et la passion que j'ai pour lui.
Il s'echappe finalement de mon etreinte, me jete un dernier regard alors que je pose mon pied sur la premiere marche, me fait un petit sourire, se tourne et commence a courir vers la sortie de la gare.
Il n'est pas reste pour voir le train partir, il ne s'est meme pas retourne avant de quitter le quai.

Le train part.

Le wagon est comble, je reussi quand meme a trouver une place libre. Et la, la peur qui m'avait saisie a mon reveil et accompagnee toute la journee, devient encore plus forte: JE NE LE REVERRAI PLUS JAMAIS.

Alors que ce sentiment grandi en moi, j'ai l'impression que quelque chose dechire mon coeur comme un vulgaire bout de tissu, une plaie beante s'ouvre en moi, je me sens juste vide. Et bien sur, ce vide, par une loi de la physique assez bizarre (il faudrait sans doute demander a Archimede), appelle les larmes pour le combler. Je les sens monter en moi, je crois que je vais commencer a crier "ouiiiiiiiiin, Maman, [son nom, a LUI]". Mais finalement rien.

Serait-ce un effet propre au train, qui de part son balancement a la possibilite telle une berceuse d'apaiser toutes les souffrances et les peurs ?

Je ne crois pas. Je n'ai pas pu pleurer ce jour la, je n'ai pas pu le faire apres. Je ne l'ai jamais revu, j'ai essaye de rester en contact, il n'a repondu qu'une fois. Bien sur j'ai pleure pour d'autres raisons depuis, mais pas pour lui.
Je reste avec ce vide en moi, cette souffrance qui me ronge chaque jour.

D'autres amours ont croise ma route depuis (2 petits et 1 grand), j'ai souffert (a cause du grand) mais cette fois ci j'ai pu pleurer...


C.

LONDRES. 18/08/05
(ce qui explique le manque d'accents. clavier QWERTY)

1:12 pm  

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